# *The Emperor's Babe* de Bernadine Everisto --- #BookReview Rédigé : Janvier 2019 Chroniqué dans le cadre d'un défi lecture --- Il n'y a qu'outre-Manche (ou outre-Atlantique) que l'on trouve ce genre de publications où l'empire romain est abordé de manière vivante, originale, souvent populaire, parfois irrévérencieuse. Publié en 2001, ce roman en vers de Bernardine Évaristo fait partie des 100 meilleurs livres de la décennie précédente, si l'on en croit The Times. Un roman en vers qui se passe durant l'Antiquité ? ! Absolument. Vous comprenez que je n'aie pas pu résister longtemps avant de me le procurer… Il s'agit de l'histoire de Zuleika, notre narratrice, une fille d'immigrants nubiens, très tôt mariée à un vieux sénateur (certainement vers 10 ans) et enfermée aussitôt dans la villa qu'il possède à Londinium. Elle qui était habituée à parcourir pieds nus les rues de cette ville, voilà qu'elle se retrouve à devoir endosser le rôle de la matrone… Elle aspire en plus à devenir une grande poétesse (malgré l'absence d'une véritable éducation formelle dans le domaine) : c'est d'ailleurs sa production que nous lisons. Souvent délaissée par son vieil époux, elle deviendra même la maîtresse de l'empereur Septime Sévère, de passage dans la région. Autres personnages de cette « tragédie » : une meilleure amie nymphomane (Alba) et la patronne transsexuelle/travestie d'un bar intitulé « le mont de Vénus » (tout un programme). Ce roman est évidemment remarquable par sa forme : composant son texte en distiques, l'autrice mélange allègrement les registres, le slang et les mots latins (de cuisine ou plus traditionnels). Son Londinium a des airs du Londres contemporain, effet renforcé par les noms des rues et des quartiers actuels. Ses descriptions d'une famille d'immigrants nubiens pourraient à de nombreux égards être celles d'une famille qui évolue dans notre monde moderne. Le texte est souvent grinçant et nous ressentons très facilement la frustration de la narratrice, qui est née au mauvais moment quelques deux mille ans trop tôt. Evaristo signe ici un roman mémorable de par sa forme comme de par son contenu. Elle est la preuve que notre paysage éditorial a besoin le plus possible de ces voix issues des minorités, qui sont seules garantes d'une production riche et bigarrée, seules capables de nous amener loin des chemins battus.