# *Two Boys Kissing* de David Levithan --- #BookReview Rédigé : 28 mars 2020 Episode 2 du [[_Bibli_Podcast_Index|Podcast]] Indexé : [[_Index_Reviews]] --- Passons maintenant à mon conseil lecture de l'épisode : *Two Boys Kissing* de David Levithan. David Levithan est un des noms incontournables de la littérature YA contemporaine des Etats-Unis. Il est principalement connu pour son roman "A comme Aujourd'hui" (Every day, en VO) qui a été adapté au cinéma en 2018. Nombreux sont ses romans qui ont été traduits en français, mais, évidemment, *Two Boys Kissing* (publié en 2013) semble avoir été oublié ou négligé par les maisons d'édition françaises. C'est bien dommage, voire légèrement scandaleux, car il s'agit très certainement de son meilleur. Je n'y irai pas par quatre chemins : *Two Boys Kissing* est un véritable chef-d'œuvre. Ce roman est l'histoire croisée de trois couples de garçons, (peut-être même quatre), que l'on suit durant trente-deux heures. Cette durée, bien précise, correspond au record du plus long baiser que tentent de battre Craig et Harry - notre premier couple. Je dis couple, mais c'est une relation amoureuse qui ne se conjugue plus qu'au passé, deux anciens petits-amis devenus de simple copains. Le plus long baiser du monde donc, mais surtout un baiser entre deux garçons. D'où le titre : Two boys kissing. Pendant que Craig et Harry choquent les bonnes consciences américaines devant un parterre de spectateurs de plus en plus nombreux, le lecteur est invité à suivre Peter et Neil, notre deuxième couple, un couple qui se conjugue au présent, mais qui s'enlise, se fragilise dans la monotonie du quotidien et qui, par conséquent, pourrait ne pas avoir de futur. Quant au futur, c'est bien le temps de la relation naissante entre Avery et Ryan, le garçon aux cheveux rose qui tombe amoureux du garçon aux cheveux bleu. Le futur, c'est peut-être le temps qui va manquer à Cooper. Notre héros solitaire, en couple avec un mal-être si fort et si jaloux que seule la mort apparaît comme la seule échappatoire à cette souffrance et à ce désespoir. Mais la souffrance et le désespoir, les narrateurs de Two Boys Kissing la connaissent bien. Comme dans les tragédies antiques, la narration est assumée par un chœur (avec un h). Un chœur qui ne manquera pas de vous briser le vôtre (sans h cette fois-ci) à chaque fois qu'il s'exprimera, car tout au long de ce roman, ce sont les homosexuels / morts du Sida / qui parlent. Ces gay, disparus souvent dans l'indifférence de tous, s'émeuvent, s'inquiètent, s'enthousiasment pour ces adolescents dont ils observent la vie. Ecrit dans un style très simple, mais extrêmement poétique, *Two Boys Kissing* m'émeut à chaque fois que je le lis. J'aime beaucoup les romans de David Levithan à cause de ce style sensible, mais qui ne tombe pas pour autant dans la sensiblerie / je crois que c'est ce qui mérite d'être souligné / Même dans ses textes les plus commerciaux ou les moins aboutis, il parvient au détour d'une phrase ou d'un paragraphe à changer notre regard sur le monde, à nous faire voir ces liens qui nous unissent aux autres. L'amour est toujours au centre de ses romans, et il en parle de manière bouleversante, mais avec délicatesse. Et c'est bien là la puissance de son style, l'émotion vous prend à la gorge quand vous vous y attendez le moins. Lire David Levithan, et en particulier *Two Boys Kissing*, c'est faire une expérience inédite. Vous sortez de votre lecture changé… et c'est bien là la marque des grands auteurs comme celle des grands livres. Peu importe le nombre de fois qu'on les lit, on en retire toujours une leçon à même de nous enrichir.