# *The Thief of Peace* de Jess Whitecroft
---
#BookReview
Rédigé : 19 mai 2020
Episode 7 du [[_Bibli_Podcast_Index|Podcast]], jamais enregistré
Indexé : [[_Index_Reviews]]
---
Rares sont les romances MM historiques qui ont pour cadre la Florence de la Renaissance. Pourtant, cette période et ce pays ont de quoi stimuler / comme nous l’avons vu / l'imaginaire des auteurs et des autrices. Leonard de Vinci, Michel Ange et j'en passe… Beaucoup d'artistes, d'intellectuels, de prélats de cette période, avaient un goût pour les représentants du même sexe. La Renaissance italienne, par son exaltation de l'homme et du corps de l'homme, est certainement une de ses périodes historiques où l'homosexualité est la plus visible. Visitez le musée des Offices, par exemple, et l'homoérotisme se trouve in your face.
Dans *The Thief of Peace* \[le voleur de paix\], Jess Whitecroft amène son lecteur dans la Florence des Médicis. Nous suivons l'artiste Niccolo di Volpaia, d'origine modeste, dont la mauvaise réputation semble constamment le précéder. Il faut dire qu'il est incapable de garder sa langue dans sa poche, ce qui est un sérieux handicap quand on cherche le patronage d'une famille riche afin de pouvoir exercer son art. Malheureusement, Niccolo (surnommé Nicki) est plus habitué aux salles obscures des bordels qu'aux grandes loggias des palais florentins. Il boit, il se bat, il fornique avec de beaux garçons… Bref, il est l'incarnation du pêché.
Blacklisté par l'artiste et humaniste Giorgio Vasari, qui est chargé de l'embellissement de Florence par le Duc Come 1èr de Toscane (Cosimo de' Medici), Nicki est condamné à une existence obscure. Jusqu'au jour où il est convoqué par le dernier représentant de la riche famille Albani, qui siège au consigliere (conseil) de la ville. Ce patriarche a perdu tous ses fils et il a dû légitimer Teodoro, son bâtard qui est devenu son dernier espoir que le nom des Albani ne meure pas avec lui.
Malheureusement, depuis quelques années, le jeune Teodoro, pas même vingt ans, vit paisiblement dans un monastère, loin de l'agitation du monde, et refuse d'en sortir. Albani recrute donc Nicki, non pour ses talents de peintre, mais pour son goût du vice. Il veut que ce dernier débauche son fils, lui fasse découvrir les plaisirs du monde : alcool, prostituées, vous voyez l'idée... Niccolo doit devenir "le voleur de paix", tenter Teodoro pour que celui-ci accepte sa place qui lui revient / dans le siècle. L'ange déchu qu'est Nicki tombe vite amoureux de Teo. Il est touché par son innocence, sa pureté, son idéalisme… Je vous laisse découvrir la suite…
En plus d'être une touchante histoire d'amour entre deux hommes, The Thief of Peace est une très belle méditation sur ce qu'est réellement le pêché, sur le pouvoir de l'art et sur la beauté des corps. Leonard de Vinci a certainement servi d'inspiration pour le personnage de Nicki.
Quand on connaît l'importance de la religion aux Etats-Unis, il n'est pas surprenant qu'une autrice américaine puisse explorer la tension que le désir homosexuel crée chez un jeune moine idéaliste. Et ses réflexions sur la foi et l'homosexualité sont une réponse directe aux débats, souvent toxiques, qui agitent les communautés religieuses états-uniennes.
The Thief of Peace est une lecture originale, si on considère la production MM sur le sujet qui n'est pas très développée. Le monde de Florence, sous la plume de Jess Whitecroft, est vivace. Les recherches historiques bien faites et sérieuses (même si je suspecte que le catholicisme tel qu'il apparaît dans ce roman soit davantage contemporain que d'époque, mais ce n'est pas un sujet que je maîtrise et mes suspicions sont peut-être infondées). Le roman est donc de très bonne qualité, même si l'intrigue reste prévisible. Je n'ai pas eu de révélation en lisant ce roman, mais j'y ai pris beaucoup de plaisir.
Et parfois, on n'en demande pas plus.