# Semaine du 23 décembre 2024
*Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).*
## Lundi 23 décembre
Mes lectures se poursuivent. Après *Prince of the Sorrows*, j’ai immĂ©diatement enchainĂ© avec le second tome du cycle de Kellen Graves, *Lord of Silver Ashes*, la fin ne m’ayant laissĂ© aucun choix (je devais absolument dĂ©couvrir ce qu’il allait advenir !).Â
Je m’explique assez mal le silence du protagoniste, Saffron, à travers ce second opus, mais les personnages sont toujours aussi intéressants et le *worldbuilding*, qui se découvre peu à peu, a su nourrir ma curiosité. Certains choix narratifs n’auraient peut-être pas été les miens, mais je ne vois pas l’intérêt de chercher la petite bête (c’est une vérité universellement reconnue que les auteurices ne peuvent s’empêcher d’analyser une histoire jusqu’à se gâcher tout plaisir de lecture).
J’ai décidé de faire une pause avant de passer au tome suivant (*Herald of the Witch’s Mark*), car je suis conscient que le quatrième ne sortira qu’à la fin de février et que l’attente entre les deux pourrait s’avérer insoutenable. Il vaut mieux s’arrêter sur une note positive.
Il m’a fallu ensuite lire le début de quatre romans avant de trouver une lecture convenable. Mon choix a fini par se porter sur une romance SF d’une autrice que je ne connaissais pas, Chani Lynn Feener.
*A Bright Celestial Sea* (2022) raconte l’enquête de Pryor Oro sur la station spatiale Olympus. Il est chargé par la Force de Police Intergalactique de retrouver un membre de la famille impériale de sa planète d’origine et d’assister l’Empereur d’Olympus, Wystan Aurelius. Entre les deux, l’inimitié est spontanée, masquant les flammes d’une passion qui motive Aurelius à percer tous les secrets de Pryor.
J’ai Ă©videmment adorĂ© cette histoire, mĂŞme si ce n’est pas aussi bien que la SF d’Everina Maxwell.Â
Ça m’a redonné envie d’écrire mon propre space opera. Certainement que je finirai par m’y mettre un jour !
---
## Mardi 24 décembre
On dit que la *dark romance* est malsaine, qu’elle glorifie les relations abusives et les *red flags* (ce qui est le cas dans une certaine mesure)… La *dark romance*, c’est bad, bad, bad, nous rabâche-t-on.
Il y aurait donc de la bonne et de la mauvaise romance, mais ce serait vite oublier que le genre dans son ensemble est un outil de coercition patriarcale. C’est-Ă -dire qu’il colonise l’imaginaire amoureux des lecteurices et s’assure qu’une seule expression de cet amour soit jugĂ©e convenable.Â
Chez les hĂ©tĂ©ros, la monogamie est de rigueur et le HEA aboutit presque inĂ©vitablement au mariage et Ă la crĂ©ation d’une famille. Dans le BL, l’adoption remplace la grossesse, Ă moins que l’on soit dans le Mpreg (un sous-genre monstrueux oĂą le passif-uke tombe enceint… comme une femme).Â
La romance est un genre conventionnel qui reflète les fantasmes de la société dans ce qu’ils ont de plus prescriptif.
Évidemment, il y a de nombreux auteurs qui, Ă©crivant dans les marges du genre, le plus loin possible de l’hĂ©tĂ©ronorme, se permettent d’envisager d’autres destins, d’autres types d’amour, oĂą le but ultime d’un couple n’est pas la reproduction de l’espèce.Â
Je ne suis pas certain que la *dark romance* soit une expression de cette écriture des marges, mais, plutôt que de la juger selon des critères moraux simplistes, il serait plus utile de nous demander à quel(s) besoin(s) étrange(s) elle répond…
---
## Mercredi 25 décembre
Continuons à aborder la romance sous l’angle éthique… Que penser des romances avec les milliardaires ?
C’est un sous-genre florissant qui a remplacé les romances avec les millionnaires (bienvenue dans un monde où les inégalités se creusent).
Selon [Jackie Ashenden](https://www.threads.net/@jackie_ashenden/post/DD2nfG-TNha?xmt=AQGzofDxVX4AU9GEQh2tK0LhCYFWjXUSyqkQokJhKBcLnA) (publiée chez Harlequin et Mills & Boon entre autres) : « Les romances avec les milliardaires ne sont pas vraiment des histoires de milliardaires. C’est un jeu sur les dynamiques de pouvoir. Avec un personnage apparemment sans pouvoir qui détruit complètement la vie d’un personnage plus puissant. La partie “milliardaire” n’est qu’un habillage. »
Sur Threads, d’autres personnes font remarquer que les milliardaires sont comme les aristocrates, les mafiosos, les espions ou les princes faes : des concepts, bien plus qu’une rĂ©alitĂ©.Â
Le but de la romance n’est pas d’offrir une image réaliste de notre société, mais de fantasmer des scénarios où les choix moraux, qui nous pourrissent la vie, sont inexistants. La romance envoie du rêve ; elle ne se demande pas si les milliards du beau Elon (sic) ont été acquis légalement ou s’ils sont entachés du sang d’innocents.
À moins d’être dans une romance communiste, il y a peu de chance que le récit mette en scène les schémas d’exploitation mis en place par notre classe gouvernante pour s’enrichir sur notre dos.
« Je le crierai sur tous les toits jusqu’à manquer d’air. Le trope du milliardaire est le fantasme moderne de la princesse. Le fantasme de la princesse, c’est d’être arrachée à sa vie misérable par quelqu’un qui peut instantanément et sans effort résoudre tous ses problèmes. Les problèmes modernes ? La plupart d’entre eux sont d’ordre financier.
Donc oui, le trope du milliardaire n’a rien à voir avec le fait que les milliardaires dans la vraie vie soient éthiques ou non. Nous savons qu’ils ne le sont pas. Mais je continuerai de dévorer le trope du milliardaire à chaque fois ! » ([devyn_synclair](https://www.threads.net/@devyn_sinclair/post/DD2vMezz5fo?xmt=AQGzofDxVX4AU9GEQh2tK0LhCYFWjXUSyqkQokJhKBcLnA) sur Threads, décembre 2024)
---
## Jeudi 26 décembre
Pour moi, la romance, c’est un moyen efficace de me déconnecter de la vie quotidienne et de ses problèmes. De pouvoir librement rêver. On sait que tout finira bien, et que toutes les craintes que l’on peut éprouver à la lecture de certains retournements de fortune s’évanouiront avant la fin. Après tout, la seule règle d’or de la romance, la seule constante, c’est le HEA ou le HFN.
Le jeu sur les dynamiques de pouvoir ne m’intéresse pas tant que ça, et je me demande si l’analyse de Jackie Ashenden ne s’applique pas particulièrement à la romance hétéro, où toute relation homme/femme est, par définition, bancale (bienvenue dans le patriarcat).
La romance MM nourrit mon besoin de représentation. C’est un besoin insatiable : si je pouvais, je ne consommerais que des histoires où des hommes embrassent d’autres hommes.
J’ai un faible pour les milliardaires, même si ça ne m’empêche pas d’exécrer leur présence dans notre société. Ils représentent une certaine forme d’exotisme ; leur argent, c’est un peu comme la magie du sorcier dans la fantasy : ça leur permet de faire tout ce qui est refusé au commun des mortels. Mais à cet argent sont attachées des responsabilités et des obligations : une bonne romance montre le plus souvent un milliardaire prisonnier de son train de vie et d’un milieu social qui l’étouffe peu à peu. En somme, ce trope rappelle que l’argent ne fait pas le bonheur (mais qu’on s’éclate bien quand on en a).
---
## Vendredi 27 décembre
Dans ma tête, mon projet de non-fiction sur l’homoromance avance bien. J’ai déjà un titre. De nombreuses idées, des extraits, quelques phrases me traversent l’esprit. Peut-être qu’il faudrait que je les note.
Je sens aussi une boule naitre au creux de mon estomac. Ce projet m’inquiète dĂ©jà  ; la peur annonce sa prĂ©sence. La peur de ne pas finir, Ă©videmment. La peur de faire quelque chose de nul et de m’humilier.Â
La Résistance est déjà à l’œuvre et s’apprête à déployer ses mille-et-un subterfuges.
Mais sa présence est la preuve que le projet est solide et mérite que je m’y attèle.
---
[[Semaine du 2024-12-16|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2024-12-30|Semaine suivante]]