# Semaine du 03 mars 2025
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## Mercredi 05 mars
« Lorsque nous demandons aux tropes de porter toute l’histoire, nous oublions qu’il faut travailler dur pour créer des personnages intéressants, des mondes complexes et des relations émotionnelles saines. *Enemies to Lovers* est un outil marketing. Le livre doit être bien plus que ça : c’est le processus qui fait que je m’intéresse aux raisons pour lesquelles ces deux personnages-là , dans cette situation précise, ont eu un changement de cœur ; quelles qualités chez l’autre ont suscité en eux la curiosité, l’attirance et le respect. En fin de compte, les tropes relèvent de l’habillage. Ce qui importe vraiment, ce sont les personnages. »
(Jenny Hamilton, « *Let Them Eat Tropes: Why Romantasy Needs to Grow Beyond Trends* », [ReactorMag.com](https://reactormag.com/let-them-eat-tropes-why-romantasy-needs-to-grow-beyond-trends/), 05 mars 2025)
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## Jeudi 06 mars
La grammaire amĂ©ricaine est plus relâchĂ©e que la grammaire britannique. Il suffit d'examiner les articles de journaux pour s’en rendre compte.Â
Je trouve les textes non britanniques plus difficiles Ă traduire pour cette raison. (Par souci d’inclusivitĂ©, j’ai pris l’habitude, ces derniers mois, de proposer une traduction française des citations anglaises qui parsèment ce journal, plutĂ´t que de mettre l’original.)Â
C’est pire quand les auteurs ont un style volontiers oral — et sur le web, on Ă©crit tous plus ou moins comme on parle.Â
Je ne suis pas le seul à galérer ; DeepL traduit assez mal ces textes-là . La version française est boursoufflée et maladroite ; il faut se concentrer pour la comprendre. Le phrasé est loin d’être naturel. Ça pue la (mauvaise) traduction. Pour que les traducteurs automatiques excellent (et ça leur arrive parfois !), il faut que les phrases soient tirées au cordeau.
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## Vendredi 07 mars
Évidemment, je mesure l’ironie de ma situation : quand je dĂ©cide d’ignorer DeepL et de tout traduire, ma version ne doit pas ĂŞtre plus naturelle ou plus Ă©lĂ©gante ou plus facile Ă comprendre pour mon lectorat. Je suis un traducteur amateur, qui vit Ă l’étranger depuis quatorze ans ; mon oreille interne s’est dĂ©rĂ©glĂ©e ; les mots, les expressions ne viennent plus aussi facilement et l’exactitude laisse Ă dĂ©sirer (les dictionnaires et internet me sauvent très souvent d’embarrassantes bourdes).Â
Maintenir un certain niveau linguistique dans ma langue maternelle est un combat de tous les instants : je m’en plains souvent, mais ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able.Â
J’aime vérifier les définitions d’un mot, corriger mes prononciations fautives (si elles semblent raisonnables, évidemment — je viens du Sud-Ouest, *fuck* les parisianismes) et me rappeler les expressions du français quotidien dont j’avais oublié l’existence. J’aime tout : le rare, le commun, le familier, l’archaïque et le néologique.
Si tout cela m’était déplaisant, j’aurais abandonné le français depuis bien longtemps et ce journal serait écrit en anglais (*oh my goodness*).
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## Samedi 08 mars
*Growth*, la croissance. Ce mot est partout dans les mĂ©dias et dans les conversations. (Il a mĂŞme envahi la spiritualitĂ©. On ne parle plus d’épanouissement. Non. On parle de croissance.) Tout doit croitre : l’individu comme l’économie.Â
Chaque fois que nous entendons ce mot magique, arrêtons-nous et demandons-nous : pourquoi faudrait-il croitre ? À qui profite cette croissance ? *Cui bono ?*
Une économie qui ne croît pas ne meurt pas pour autant : ce dont elle a besoin, c’est de se solidifier, de manière stratégique, dans le respect des ressources naturelles et humaines. En biologie, la croissance à tout prix a un autre nom : le cancer.
Je l’ai déjà dit ici et je le répèterai encore et encore : l’économie sert la société et les individus ; nous n’avons pas à servir l’économie. Si elle ne fonctionne pas pour la majorité, il faut la changer. C’est aussi simple que ça.
Et prĂ©tendre qu’un État a les pieds et les mains liĂ©es en la matière, c’est mentir : il n’a jamais l’argent pour s’assurer du bienĂŞtre de son peuple, mais il le trouve comme par magie quand il veut partir en guerre...Â
Tant que nous utiliserons la croissance pour mesurer le succès d’un pays (ou d’un individu), nous n’arriverons pas à régler les problèmes qui nous affligent.
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## Dimanche 09 mars
« Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action. » (Victor Hugo, *Les Misérables*)
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