# Semaine du 21 avril 2025 *Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).* ## Lundi 21 avril Suite à l’annonce de la mort du Pape, j’ai regardé *The Two Popes/Les Deux Papes* (2019), avec Anthony Hopkins et Jonathan Pryce, puis *Conclave* (2024), l’adaptation du roman éponyme (2016) de Robert Harris, avec Ralph Fiennes dans le rôle-titre. Ce qui se passe dans les coulisses du Vatican a de quoi fasciner : les affaires temporelles, la soif du pouvoir et la faillibilité humaine clashent avec le Credo et la pureté supposée de la foi.  Ces gens-là pratiquent-ils ce qu’ils prêchent ? Quelle est cette odeur qui embaume les couloirs du Saint-Siège ? De l’hypocrisie ou de la sainteté ? Je ne suis pas catholique, même pas chrétien. Francis ne représentait donc rien pour moi… mais, de loin en loin, j’ai admiré ses valeurs, son désir sincère d’aider les plus démunis, son refus de la pompe, son humilité.  Si le rôle de l’Église diminue chaque jour davantage en Occident, sa puissance en Afrique et en Asie semble se consolider. Espérons donc que le nouveau Pontife soit fidèle à son titre et continue à « être le pont (sacré) » entre les communautés (et les religions)… Nous avons assez de fous sur Terre qui veulent bâtir des murs et s’enfermer dans des citadelles. --- ## Mardi 22 avril Après ce long weekend férié, de retour au boulot pour trois journées à peine. Je devrais pouvoir tenir.  On respire un bon coup. *Inhale, exhale.* Surtout ne pas s’énerver, rester aussi zen que possible, se concentrer sur son travail, le faire au mieux et se rappeler que son identité tout comme sa valeur ne sont pas liées à ces tâches. Nul besoin d’impressionner ni de se dépasser. Faire des pauses. Prendre le temps. Être présent. Oui, être présent le plus possible. --- ## Vendredi 25 avril Quand je me suis mêlé au fandom du Boys' Love et de l’homoromance, j’ai découvert qu’il y avait des gens pour juger les personnages comme s’ils étaient des personnes réelles. Ça ne m’était jamais venu à l’esprit. Évidemment, comme tout le monde, j’ai eu des coups de cœur pour certains protagonistes, mais jamais parce que j’aurais voulu devenir leur pote ou, dans le cadre d’une romance, leur mec.  Les débats autour des *red flags* ou *green flags* sont peut-être utiles quand on est adolescent·e, que l’on n’a pas vécu, que l’on éprouve quelques difficultés à distinguer la fiction de la réalité (et encore !)… mais je ne m’explique pas comment l’on peut continuer ce type de lecture avec la maturité. C’est le degré zéro de la lecture. À mes yeux, le rôle du roman est de commenter les passions humaines. Il nous permet de mieux comprendre les gens, que ce soit ceux autour de nous ou ceux qui vivent sur un autre continent, nos contemporains comme nos ancêtres. Il met de l'ordre (càd du sens) dans les expériences chaotiques du quotidien, où l’on ne sait jamais vraiment pourquoi les gens réagissent ainsi (on a des théories, évidemment, mais aucun moyen de les vérifier et d’être sûr à 100 %).  Peu importe le genre d’ailleurs : un roman de SF m’apprend tout autant sur mes contemporains qu’un roman réaliste. La littérature me réconforte car elle m’offre du sens, et non parce qu’elle confirme ma vision du monde ou me donne à lire des personnages qui sont une version idéalisée de moi-même. Oui, parfois, je me projette ; oui, parfois, je vis par procuration… mais j’adore tout autant les mythomanes, les passifs-agressifs, les misérabilistes, les narcissiques, etc. Je ne demande pas à l’auteurice que ses personnages soient parfaits, ni même bons, je veux juste être capable de les comprendre… Pendant le temps d’une lecture, je souhaite me mettre dans leur peau et voir le monde à travers leurs yeux. Et si je comprends leurs actes, la mission est accomplie. --- ## Samedi 26 avril *Heesu in Class 2* est mon coup de cœur de la semaine avec la saison 2 de *Weak Hero*. Les deux sont des séries coréennes, adaptées de *webtoons*, avec des lycéens pour protagonistes ; la première s’inscrit dans le genre du BL, la seconde dans celui de l’action et de la violence.  Mais c’est *Heesu in Class 2* qui m’a le plus intéressé. Cette série a tout pour plaire : les acteurices et la cinématographie sont excellents ; les scènes sont tour à tour drôles, banales, touchantes, belles, tristes…  *Hee-Su est connu dans tout son lycée pour donner d’excellents conseils de cœur… Évidemment, il n’a jamais été en couple, mais, depuis des années, il est amoureux de son meilleur ami, le très talentueux Chan Yeong. Obnubilé par ses sentiments, Hee-Su ne remarque qu’assez tardivement qu’il a, lui aussi, un admirateur secret… Au même moment, Seung Won, le délégué de la classe, un bon élève distant qui ne pense qu’aux études, vient lui demander des conseils pour séduire son crush…* J’ai un faible pour les séries qui s’interrogent sur la place de l’amour dans nos vies, sur les manières d’habiter ce sentiment avec justesse et bravoure. Trop souvent, j'ai l'impression que les homoromances expriment une vision anémiée de l'amour. Le discours y est basique : moi aimer garçon, moi tout faire pour le conquérir. OK. Ça peut être divertissant, certes, mais mon âme ne trouve là rien d'enrichissant. Je sors de ma lecture ou de mon visionnage tel que j'y suis entré. Aussi pauvre ou aussi con. *Heesu in Class 2* nous fait évoluer en même temps que son protagoniste. En choisissant de montrer des amours homosexuelles et hétérosexuelles (les sœurs de Hee-Su sont des *drama queens* de l'amour), cette série démontre que le sentiment (tout comme les interrogations, les doutes et les joies qu’il suscite) est universel. La scène de comingout de Hee-Su auprès de sa sœur Hee-Sin est faite en toute simplicité et légèreté, mais elle n’en demeure pas moins émouvante, car la vulnérabilité du personnage est palpable. --- ## Dimanche 27 avril Ce matin, sur Twitter, j’ai vu passer quelques critiques négatives (qui doivent expliquer pourquoi la série est notée 7,5/10 sur MyDramaList.com, ce qui est très peu pour une série aussi bien faite) : le fandom n’apprécie ni la finesse ni la mesure.  Si deux garçons ne s’embrassent pas, ce n’est pas assez homosexuel à leur gout. S’ils ne s’arrachent pas leurs vêtements, leurs sentiments sont trop tièdes.  Tout n’a pas besoin d’être une *gay pride*, non plus. Tout n’a pas besoin d’être *in your face*. L’érotisation, presque obligatoire, des amours homosexuelles dans le genre de la romance m’attriste. (Je ne suis pas prude pour autant : si je veux voir du cul, je regarde un porno. Tout simplement.) Personne (de sensé) ne peut regarder *Heesu in Class 2* et *Weak Hero* et affirmer que cette dernière est plus gay que la première. Mais c’est pourtant ce que ces fans soutiennent, confondant l’expression intense d’un sentiment (l’amitié dans *WH*) avec de l’amour (érotique). Mes contemporain(e)s me désespèrent… --- [[Semaine du 2025-04-14|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2025-04-28|Semaine suivante]]