# Semaine du 30 juin 2025
*Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).*
## Mardi 01 juillet
Au sujet de la manière d’écrire, [Stephen Lloyd Webber](https://www.tmmw.io/p/write-like-youre-sending-a-note-to?) écrit :
« La recherche du bien écrire masque ce qui compte le plus : votre présence. » (« *Striving for correctness obscures what matters most: your presence.* »)
Cette *correctness* (la correction, la justesse, la bonne manière, le bien écrire), dont parle SLW, c’est évidemment l’idée que nous nous faisons d’un texte littéraire, ce à quoi il devrait ressembler. Nous remettons rarement en cause cette vision de la littérature que nous avons héritée de nos lectures et de l’école.
Tous les styles et toutes les manières de raconter sont non seulement possibles mais aussi légitimes, il est bon de (se) le rappeler. Un texte littéraire n’a pas besoin de « faire littéraire » pour être bon.
---
## Mercredi 02 juillet
J’ai reçu ma commande de livres de chez Thames & Hudson, l’éditeur britannique de livres d’art et d’histoire.Â
Quatre grands formats/hardcovers superbement illustrés : *Symbols of the Occult* (2021) d’Eric Chaline ; *Occult  –  Decoding the Visual Culture of Mysticism, Magic & Divination* (2024) de Peter Forshaw ; *Compendium of the Occult  –  Arcane Artefacts, Magic Rituals and Sacred Symbolism* (2025) de Liz Williams ; et l’édition signée d’*Elements  –  Chaos, order and the five elemental forces* (2024) de Stephen Ellcock.
On pourrait croire que j’ai un esprit monomaniaque, et ce ne serait pas entièrement faux, mais il s’agit de recherches pour un futur projet de roman… Je n’ai aucune idĂ©e du projet pour le moment, ni mĂŞme de quand je me remettrai Ă Ă©crire, mais peu importe. Pourquoi m’embarrasserais-je de ce genre de dĂ©tails ?Â
Cela fait plusieurs années que Stéphane me réclame une suite à *Dormeveille College*, et ce n’est plus qu’une question de temps avant que je me replonge dans cet univers. Je peux donc justifier — sans la moindre honte — cet achat (que S. a trouvé « redondant »… quel mécréant ! Il est peut-être temps que j’envisage de changer de meilleur ami.).
---
## Jeudi 03 juillet
Mes intĂ©rĂŞts ne se limitent pas Ă l’occulte Ă©videmment.Â
Dans cette commande directe Ă l’éditeur, qui offrait une rĂ©duction de 30 % sur tout son catalogue (comment rĂ©sister ?), il y a aussi deux livres de poche/paperback: *The Great Empires of Asia* (2010), sous la direction de Jim Masselos, et *The Emperors of Byzantium* (2022) de Kevin Lygo.Â
Je sens que ce type d’ouvrages historiques (des prĂ©cis avec des chapitres courts et variĂ©s) sont des lectures parfaites pour le petit-dĂ©jeuner… et comme je me tiens Ă©loignĂ© des rĂ©seaux sociaux et des news en ce moment (autant que faire se peut, s’entend), j’ai besoin d’une stimulation intellectuelle au rĂ©veil.Â
Il sera certainement plus sain pour mon mental de lire quelques pages sur les intrigues politiques dans l’Empire byzantin que de doomscroller les dernières horreurs qui nous viennent des USA, d’Israël ou d’Iran.
---
## Vendredi 04 juillet
Si ça ne tenait qu’à moi, je me retirerais du monde, avec mes livres. Non dans la solitude la plus complète, mais en compagnie de gens de bonne qualitĂ©. En somme, plus je vieillis, plus je rĂŞve d’un mode de vie Ă©picurien.Â
Malheureusement, je ne suis pas assez riche pour cela : il me faut travailler, et donc interagir avec ce monde indigne et ce technoféodalisme dont le fantasme absolu est d’asservir chacun d’entre nous jusqu’au dernier.
---
## Samedi 05 juillet
« Perdre nos repères habituels n’est pas forcément un préjudice ; cela peut signifier que notre horizon s’élargit. Mais l’esprit critique doit alors s’adapter aux nouvelles règles du jeu. C’est pourquoi, lorsqu’on me demande si je crois au paranormal, je réponds non. Je constate, j’examine, je réfléchis et je partage ; c’est tout. Face à un phénomène inexpliqué, je pense que la conviction systématique est aussi pernicieuse que le rejet a priori. Mais ce type d’incidents, en soi, ne me dérange pas. C’est peut-être pour cela qu’il m’en arrive. »
Didier Van Cauwelaert, *Au-delà de l’impossible* (2016).
---
## Dimanche 06 juillet
*Au-delà de l’impossible* se lit comme un roman, même s’il est présenté comme un « document » et publié dans une collection de non-fiction chez J’ai Lu. Comment lit-on un tel témoignage qui lie science, pseudoscience, phénomènes paranormaux et théories du complot ?
C’est un livre fascinant autant qu’hallucinant, et d’aucuns diront mĂŞme hallucinĂ©. C’est une balade de quelques mois dans les dĂ©couvertes scientifiques d’Einstein et de Tesla, revenus d’outre-tombe pour dĂ©livrer des messages Ă Didier Van Cauwelaert par l’intermĂ©diaire de deux mĂ©diums. Je rĂ©pète : deux scientifiques de renom, ayant passĂ© une grande partie de leur vie aux États-Unis, qui se donnent la peine de parler Ă une peintre (l’épouse, et bientĂ´t la veuve, de Michel Delpech), une infirmière Ă la retraite et un romancier… Tous les trois Français ! C’est absurde, mais le rĂ©cit fonctionne remarquablement bien…Â
Et plutĂ´t que de m’interroger sur le contenu de ce document, c’est bien sa forme qui m’a le plus intĂ©ressé : je l’ai rĂ©ellement lu comme un roman. C’est un *page-turner*, oĂą le suspense est savamment entretenu, avec des rĂ©vĂ©lations et des rebondissements extraordinaires… Chaque chapitre pousse l’incrĂ©dulitĂ© du lecteur de plus en plus loin jusqu’à ce qu’il finisse par se laisser porter sans se poser de questions.Â
De toute manière, dès les premières pages, nous comprenons que nous n’aurons pas de rĂ©ponses satisfaisantes aux questions que l’auteur (et le lecteur) se pose. Des phĂ©nomènes inexplicables doivent rester… inexpliquĂ©s. Le doute subsiste bien après avoir refermĂ© le livre. Un roman ne pourrait pas se le permettre : il y a l’obligation, pour ainsi dire contractuelle, de faire sens ; l’auteur peut laisser planer le doute sur certains Ă©lĂ©ments, mais l’histoire doit avoir un sens.Â
Dans le cas d’*Au-delà de l’impossible*, il n’y en a pas.
---
[[Semaine du 2025-06-23|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2025-07-07|Semaine suivante]]