# Semaine du 07 juillet 2025 *Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).* ## Lundi 07 juillet Quelle excellente idée marketing d’appeler l’arbre de jade (*crassula ovata* — ou crassule ovale en bon *françois*) une « *money plant* » ou « *lucky plant* » en anglais ! --- ## Mercredi 09 juillet En 2014 sortait *Love Sick*, l’un des premiers BL télévisuels de la Thaïlande (si ce n’est le premier), qui a contribué à l’essor du *Thai Wind* et à l’émergence d’une véritable industrie du BL dans le pays. Hier, j’ai commencé son remake, *Love Sick 2024*, que j’avais boudé lors de sa diffusion à l’automne dernier, n’étant pas d’humeur pour des amours lycéennes. Entretemps, grâce à des séries comme *Gelboys*, *Heesu in Class 2* ou *Boys in Love*, je me suis réconcilié avec ce sous-genre. Juillet est aussi synonyme de vacances scolaires dans mon esprit (même si je n’en ai plus depuis de nombreuses années !) : c’est donc agréable de retomber en adolescence le temps d’un épisode.  Ou plutôt, de mesurer à quel point mon adolescence est bien révolue, que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et que les souvenirs de cette période, surtout les plus ressassés, sont devenus quasi mythiques (les évènements se sont-ils passés tels que je me les rappelle ?).  Plus de vingt ans plus tard restent des images, des sensations, des émotions… qui semblent moins vraies que les aventures de Noh et de Phun.  De toute manière, mon adolescence, ennuyeuse et sans amour, n’aurait pas pu inspirer une telle romance. Il y a ceux qui vivent intensément cette période de leur vie : les plus grandes joies et les plus grandes peines leur arrivent à cet âge ; ils enchainent toutes leurs premières fois avant même de pouvoir voter. Ils sont nimbés de l’aura des protagonistes… Puis, il y a les autres, parmi lesquels je me serais rangé, qui ne méritent même pas d’être des personnages secondaires et qui vivent leur vie dans une relative obscurité, heureux d’être en arrière-plan, d’être l’étudiant sans nom, sur lequel la caméra ne s’arrête jamais. --- ## Jeudi 10 juillet Je me souviens de nombreux fous rires, de délires avec mes camarades de classe, de *running gags*… de moments tout particulièrement légers, qui alternaient avec des discussions sérieuses, voire graves, sur nos jeunes vies, nos craintes et nos espoirs. Nous étions à la fois lucides et naïfs. C’est là tout le paradoxe de la jeunesse. La maturité qui nait de l’accumulation involontaire des années et des expériences permet une meilleure connaissance (et acceptation) de soi… Nous sommes moins naïfs, certes, mais les choses ne se font pas plus facilement et la clarté, tant espérée, n’est pas toujours au rendez-vous. J’ai aussi l’impression que nous nous trouvons plus facilement des excuses et que nous nous résignons à jouer un rôle dans ce monde qui nous déçoit, quitte à nous en rendre malades. Devenir adulte, c’est apprendre à justifier l’injustifiable. --- ## Vendredi 11 juillet Commencé mon bouquin sur les civilisations asiatiques… et chaque phrase fait naitre des images dans ma tête, mais aussi des interrogations et des mini-envies. J’avais oublié que l’Histoire était le terreau de mon imaginaire. J’ai maintenant envie de lire (à défaut de pouvoir écrire, soyons réalistes une minute) des aventures romantiques sur les berges des canaux d’Angkor, au pied de ses grands temples, ou dans les tentes des armées du terrible Genghis Khan, ou dans les palais indiens des grands princes mogols. J’aimerais suivre les enquêtes d’un diplomate (ou d’un lettré) et de son assistant, dont la fidélité cache des sentiments plus profonds, dans la Perse des Séfévides… et puis je voudrais m’enfermer dans la moiteur d’un sérail ottoman et assister à l’ascension sanglante du futur sultan, aidé en cela par son esclave et amant, ou par un ami d’enfance avec qui il aurait longuement partagé la couche.  Il y a tant d’histoires queer à inventer… Où sont celles qui ont été couchées sur le papier ? (si elles existent...) --- ## Samedi 12 juillet Ça fait plus d’un an que j’ai pris l’habitude de noter mes rêves — ou ce qu’il m’en reste au réveil : mes notes vont de larges fresques détaillées et surréalistes aux souvenirs si vagues qu’ils ne rendent certainement pas compte des activités nocturnes de mon cerveau. Si je ne les note pas immédiatement, je sais que je n’aurai aucune chance de me les rappeler plus tard.  Il semble que je visite très souvent les lieux de ma jeunesse. Je ne sais pas pourquoi je suis aussi souvent en France (plusieurs fois par semaine !). Ça fait quatorze ans que je vis en Angleterre, mais Londres, Oxford ou Sheffield sont rarement le cadre de mes rêves (ou plutôt, mon cerveau ne se donne pas la peine de s’en souvenir si c’est le cas).  J’ai eu une période, assez cool, où je visitais des maisons luxueuses et labyrinthiques… (Je ne serais pas opposé à en visiter de nouvelles. *Just saying*.) En ce moment, mon travail déborde sur mes nuits : trop souvent, hélas, je rêve d’emplois du temps, de salles de cours, de systèmes d’organisation, de réarrangements et de négociations. Hier soir, j’étais à la fois l’étudiant et celui qui avait créé l’emploi du temps de ce cours de *creative writing*… Je me prenais la tête avec l’une des profs car le contenu de son cours n’était pas identique à la description qui en était donnée dans la brochure officielle de l’Université (et qui avait donc été approuvée par les instances décisionnelles de la dite université). Me prendre la tête avec les enseignants du supérieur, c’est ce que je fais au quotidien, directement ou indirectement, mais, cette fois-ci, c’était personnel ! J’étais prêt à en découdre ! Et elle n’avait pas intérêt à essayer de me refuser les 25 % de temps supplémentaire auquel mon statut d’étudiant étranger me donnait droit. Non mais ! --- ## Dimanche 13 juillet Anticonseil d’écriture n° 10 (Thierry Crouzet) : « Parce qu’écrire devient vite une malédiction. Quand on a commencé, on ne peut plus s’arrêter. Et quand on s’arrête, cet arrêt nous obsède. On aurait dû ne jamais commencer, mais c’est trop tard. Alors on ne peut s’empêcher de lire les conseils des autres écrivains. Si vous en êtes là, c’est fichu. » --- [[Semaine du 2025-06-30|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2025-07-14|Semaine suivante]]