# Semaine du 01 septembre 2025 *Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).* ## Lundi 01 septembre J’avance lentement dans *Cinq chemins de pardon*, le recueil de novellas d’Ursula Le Guin, dans la belle traduction de Marie Surgers (qui avait aussi traduit son roman *Lavinia* chez L’Atalante). Il s’agit d’un recueil thématique, une suite logique de longues nouvelles — un ensemble constitué non *à postériori*, comme c’est souvent le cas, mais dès le moment de la conception et de l’écriture. J’aime le concept de textes liés entre eux par un même thème (ici… le pardon, *surprisingly enough*). Ils ont tous pour cadre les planètes Werel et Yeowe, ce qui nous permet de découvrir de manière fragmentée l’histoire de cette oligarchie de propriétaires esclavagistes et celle de sa colonie.  Révoltes et révolutions, vieux chef déchu, soldat trahi et mis au placard, ancienne esclave s’essayant à la vie contemplative ou étrangère dont le prestige n’effacera jamais le fait qu’elle est une femme dans une société misogyne… Autant de personnages passionnés et passionnants, meurtris, attachants car foncièrement humains, ayant tous commis (ou ayant eu l’impression de commettre) une faute. La SF de Le Guin est volontiers ethnologique : on y découvre de nouveaux peuples, de nouvelles mœurs, de nouvelles croyances… Sous sa plume, tout ceci n’est jamais un simple décor, c’est le cœur même de ses récits. D’ailleurs, il n’est pas rare que les protagonistes soient des ambassadeurices (de l’Ekumen), venu·es d’étoiles lointaines et obligé·es de composer avec les coutumes locales. C’est ce que j’aime dans ses récits : le choc des cultures ; la découverte de l’altérité ; le décentrage du point de vue ; la prise de conscience (ou le rappel) que « nos » valeurs ne sont pas meilleures que celles de l’Autre, quel qu’iel soit. --- ## Jeudi 04 septembre Scène de ménage anglaise : D. : *It's good to get rid of some clutter.* Moi, horrifié : *Books are not clutter! --- ## Vendredi 05 septembre Journée à Manchester.  J’ai découvert MediaCityUK, le quartier où la BBC a déménagé une partie de ses opérations en 2013. On y trouve aussi ITV (une autre chaine anglaise — l’équivalent de TF1), une annexe de l’Imperial War Museum et un bâtiment de l’Université de Salford. Cette semaine, Manchester organisait sa *Japan Week* (du 4 au 8), une manifestation culturelle qui célèbre sa longue relation avec le pays du soleil levant.  Malheureusement, les billets pour la cérémonie du thé qui avait lieu au Musée de Manchester avaient tous été vendus. Je n’ai donc vu que quelques businessmen japonais dans les rues, heureux de profiter de l’hospitalité locale, et d’investir 100 millions £ dans l’économie de la région (si l’on en croit les organisateurs de la manifestation). Journée plaisante, en somme. C’est une belle ville, en plein boum, avec un excellent réseau de tram, que j’ai testé pour la première fois. --- ## Samedi 06 septembre « 61. Puisque la poésie doit utiliser le langage, qui est intrinsèquement opaque et instable, elle doit être plus précise que les mathématiques. Pour les poètes, il n’y a pas de morale plus élevée que la précision. » (Lee Seong-bok, *Indeterminate Inflorescence: Notes from a poetry class*, d’après la traduction anglaise d’Anton Hur) --- ## Dimanche 07 septembre Je n’ai pas oublié mon projet de non-fiction sur le boys' love ou l’homoromance. *Indeterminate Inflorescence* (2023), avec ses petites notes, offre un modèle qui me plait. J’aime le discours éclaté, fragmenté, morcelé. Une série de petites pensées ou d’observations. Ma critique du BL se prêterait bien à un tel format. Peut-être aussi parce que composer un essai standard sur le sujet m’effraie un peu.  Des notes, ça correspond davantage à ma nature d’intellectuel dilettante. En parcourant *Indeterminate Inflorescence*, je repense au petit diptyque de Sarah Manguso (*300 Arguments*/*Ongoingness*, 2018). D’ailleurs, leurs couvertures ne sont pas trop dissemblables (un fond coloré et abstrait, avec, au milieu, dans un carré blanc, le titre et le nom de l’auteurice). Mais le contenu n’a rien à voir ; seule la forme (des fragments) les relie. --- [[Semaine du 2025-08-25|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2025-09-08|Semaine suivante]]