# Semaine du 15 septembre 2025
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## Mardi 16 septembre
Une vidéo de *Breaking Down Patriarchy* m'a permis de considérer la dissolution de l’égo sous un angle nouveau : non comme une simple pratique spirituelle utile à toustes, mais comme un outil né du patriarcat. C’est une technique pour les hommes, par les hommes. Jésus, Mahomet et Bouddha ont ceci de commun que ce sont des hommes s’adressant à d’autres hommes. Ce serait presque facile de l’oublier tellement c’est évident.
Elle fait remarquer que les femmes, le plus souvent, ont besoin de faire l’inverse : pour s'Ă©panouir, elles doivent renforcer leur Ă©go. La sociĂ©tĂ© patriarcale exige d’elles qu’elles se mettent au service des autres. L’abnĂ©gation est inculquĂ©e dès le plus jeune âge. Ă€ l’inverse, les garçons sont poussĂ©s Ă prendre de la place et Ă se mettre en avant : il est donc normal et avantageux pour eux d’apprendre Ă pratiquer l’inverse.Â
L’éveil spirituel est l’apprentissage de l’équilibre et de sa véritable place dans le cosmos. Chacun étant unique avec des besoins différents, il est inévitable que certaines techniques soient meilleures que d’autres. C’est pour ça que les religions, avec leurs prescriptions toutes faites, ne sont pas satisfaisantes à mes yeux : plutôt que d’être des chemins de libération, elles m’apparaissent comme des moyens d’oppression, surtout pour ceux et celles qui sont minorisés.
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## Mercredi 17 septembre
Mon mari (mon ex ? je ne sais plus trop comment l’appeler Ă ce stade ! SĂ©parĂ©s mais pas divorcĂ©s, vivant sous le mĂŞme toit, quel joyeux bordel !) va certainement quitter le pays pour quelques mois. C’est un joli projet, que je lui envie un peu pour ĂŞtre honnĂŞte et que je vivrai donc pas procuration.Â
Je ressens de la joie, car je suis heureux de voir les gens qui me sont chers rĂ©aliser leurs rĂŞves, du soulagement, car, après ces mois d’inquiĂ©tude oĂą nous ne maitrisions rien, j’accueille toute forme de certitude avec les bras ouverts, et puis… il y a de la tristesse qui se manifeste de manière surprenante et dont je ne sais quoi faire si ce n’est accepter la prĂ©sence (comme j’accepterais le ciel gris et l’arrivĂ©e de l’automne).Â
Ce n’est pas moi qui m’en vais. Je suis celui qui reste. Ă€ Sheffield (*of all places!*). Dans notre maison (pour quelques mois avant de devoir vendre, inĂ©vitablement).Â
Mon instinct me dicte d’aller toujours de l’avant, d'aller voir ailleurs ; je revisite rarement les lieux du passé ; je ne suis pas du genre à revenir.
Alors qu’il prépare son éventuel départ, je prends conscience que je n’aime pas être dans le rôle de celui qui reste derrière, d’autant plus quand « derrière » est un endroit que je n’aurais pas choisi si ce n’est pour mon couple. Pour lui.
Bref, *mixed feelings to say the least*.
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## Jeudi 18 septembre
Ce mois-ci, ma boite découverte m’amène au Japon. À Ashikita, pour être précis, dans la préfecture de Kumamoto, dans l’ouest de l’ile de Kyūshū, avec deux thés de la même plantation : un wakocha (thé noir) et un kamairicha (thé vert).
La seconde partie de mon voyage gustatif m’amènera à Taiwan, avec deux thés oolong, la spécialité de l’ile. L’un vient du comté de Chiayi, au sud-ouest. Il a poussé sur une montagne d’Alishan à 1200 mètres d’altitude. L’autre provient de Zhu Shan, dans le comté de Nantou. Ce dernier, situé au centre de l’ile, est le seul à ne pas avoir accès à l’océan. C’est aussi une région montagneuse, ce qui ne devrait guère surprendre, puisque le thé pousse toujours en altitude.
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## Vendredi 19 septembre
L’âge, c’est se coucher deux heures plus tard que d’habitude et se réveiller avec la gueule de bois, comme si on avait passé la nuit en boite.
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## Samedi 20 septembre
Dans cet [article](https://open.substack.com/pub/daniellebinks/p/the-vulgarity-of-romantasy), Danielle Binks partage son aversion pour la romantasy actuelle, et mentionne des tendances déjà présentes dans la bit-lit :
« Au début des années 2000, alors que la fantasy urbaine et paranormale connaissait un essor considérable, on a beaucoup insisté sur le fait que les personnages de loups-garous appartenaient généralement à la “classe ouvrière” (ou, dans *Twilight* de Stephenie Meyer, [indigène](https://filmdaze.net/twilight-sagas-issue-with-indigenous-culture/)), contrairement aux vampires qui étaient souvent nobles/aristocrates. De plus, les personnages de loups-garous avaient tendance à ne pas être choisis par l’héroïne romantique de ces romans. Il s’agit littéralement d’un trope, “[les loups-garous issus de la classe ouvrière](https://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/WorkingClassWerewolves)”, qui, si l’on gratte un peu la surface, est très classiste et souvent raciste. »
Voir *Twilight* sous l’angle du classisme et du racisme explique mieux les choix de Bella, surtout dans les films où l’anémié Robert Pattinson ne fait pas le poids face au chaleureux Taylor Lautner (je trouve que les romans expliquent mieux pourquoi Bella ne peut pas vivre sans Edward, mais passons).
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## Dimanche 21 septembre
La romance et la fantasy sont deux genres oĂą le classisme ne se cache pas. Rois, princes et aristocrates. CEOs et magnats de la finance. Tout est une question de statut et de pognon. Les milliardaires ont mĂŞme remplacĂ© les millionnaires qui ne font plus rĂŞver ! Quelle tragĂ©die !Â
Le problème n’est pas tant de mettre en scène des personnages de la haute (je suis très friand de ce genre de récits), mais plutôt de ne pas assez questionner les inégalités et les privilèges… Et dans la course effrénée du « *happily ever after* », de ne pas s’arrêter une seconde pour déterminer si le milliardaire est vraiment un type bien et si sa richesse a été accrue dans la plus stricte légalité et moralité (la réponse est tout simplement non, car il ne serait pas milliardaire si ça avait été le cas).
Soyons honnĂŞtes. OĂą serait le rĂŞve si on se mettait Ă poser des questions ? La bulle chatoyante du fantasme Ă©claterait aussitĂ´t. L’escapisme exige que nous dĂ©tournions notre regard. On ne vend pas du fantasme en critiquant les inĂ©galitĂ©s. Non. On vend du fantasme en réécrivant une Ă©nième fois un ersatz de Cendrillon.Â
Dans un monde où les inégalités vont croissant, je me fiche de savoir comment mon prince s’est enrichi (et s’il est vraiment un prince). Qu’il me sauve des fins de mois difficiles et me mette à l’abri du besoin pour le restant de mes jours, ça sera déjà beaucoup.
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