# Semaine du 29 septembre 2025
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## Mercredi 01 octobre
Il y a des jours où je ne trouve rien à écrire. Les mots ne viennent pas, ou mal, et la phrase se fait gauche, la pensée obscure. Le besoin de m'exprimer est absent. J'aimerais garder le silence, mais moins je parle (ou écris), moins j'ai envie de m'exprimer. Ce journal m'oblige, quelques jours par semaine, à créer *quelque chose*, à mettre mon esprit en mouvement et à garder une trace de ce mouvement. Aujourd'hui, je suis fatigué (vive les rentrées universitaires !) et peu importe ce que je tape, rien ne me convient. Les mouvements de ma pensée sont moches. C'est la troisième entrée que je commence. J'ai supprimé les précédentes. Muse diariste, dis, quand reviendras-tu ?
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## Jeudi 02 octobre
« Le monde est rempli de gens qui souffrent des conséquences de n’avoir pas vécu leur vie. Ils deviennent amers, critiques ou inflexibles, non pas parce que le monde est cruel envers eux, mais parce qu’ils ont trahi leurs potentialités. L’artiste qui ne crée jamais d’art devient cynique envers ceux qui le font. L’amoureux qui ne prend jamais le risque d’aimer se moque de la romance. Le penseur qui ne s’engage jamais dans une philosophie méprise la croyance elle-même. Et pourtant, tous souffrent, car au fond d’eux-mêmes, ils savent que la vie qu’ils raillent est celle qu’ils étaient censés vivre. »
Citation attribuée à Carl Jung
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## Vendredi 03 octobre
La troisième saison d’*Alice in Borderland* est, dans l’ensemble, décevante. Le scénario est bancal, les motivations des personnages artificielles et le dernier épisode what-the-fuckesque. Tout n’est pas mauvais, évidemment : très vite, on s’attache (pour le meilleur et pour le pire) aux nouveaux personnages ; certains « games » font monter l’adrénaline ; le jeu des acteurs est impeccable.
Avait-on besoin d’une troisième saison ? Visiblement, non. Il y avait une logique interne dans les deux premières saisons, une *raison d’être* (lire cette expression avec l’accent anglais, siouplait), qu’on ne retrouve pas dans la troisième.
Le Joker n’a aucun sens. Et la fixation d’Usagi sur son père (fil rouge qui sent le rĂ©chauffĂ©) frise le ridicule : c’est comme si les scĂ©naristes avaient oubliĂ© le caractère du personnage… Certes, il fallait bien qu’un des protagonistes ait quelques difficultĂ©s lors de son retour dans la rĂ©alité… Mais Ă choisir entre Usagi et Arisu, j’aurais montrĂ© les problèmes de ce dernier : après tout, c’était lui qui Ă©tait aux marges de la sociĂ©tĂ© et de sa famille au dĂ©but de la sĂ©rie, et qui, en toute logique, aurait dĂ» galĂ©rer Ă nouveau.Â
Mais, que veux-tu, Arisu est maintenant en couple, c’est le mâle, et si quelqu’un doit galérer, ça sera son épouse. D’ailleurs, c’est parce qu’on l’enlève (ou qu’elle disparait), qu’il se sent obligé de retourner dans le *game*. Le chevalier part sauver la demoiselle en détresse. *Alice in Patriarchy.*
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## Samedi 04 octobre
Dans le domaine culturel, la reprĂ©sentation des LGBTQ+ devrait pouvoir se mesurer grâce Ă une Ă©chelle : la prĂ©sence de personnages queer dans les sĂ©ries, allant de 0 (absence totale) Ă 10 (rĂ´le important et positif dans une sĂ©rie mainstream).Â
En ce moment, la Corée du Sud doit se situer à 3 ou 4. Plus proche du 3 si on met de côté les productions BL (un épiphénomène ; quand il s’agit de gagner de l’argent, les capitalistes sont pragmatiques).
Dans *Genie, Make a Wish*, sorti hier sur Netflix, avec Bae Su Ji et Kim Woon Bin dans les rĂ´les titres, la meilleure amie (celle qui, traditionnellement, devrait ĂŞtre au centre de l’intrigue amoureuse secondaire) est lesbienne.Â
Dès la première scène, ses allures de tomboy perturbent l’employĂ©e d’un complexe hĂ´telier qui la prend pour un homme alors qu’elle est sur le point de pĂ©nĂ©trer dans les toilettes des femmes. Il faudra attendre la seconde moitiĂ© de la sĂ©rie pour que sa sexualitĂ© soit confirmĂ©e : Ă ce moment-lĂ , on l’aura vue entretenir une amitiĂ© intense et trouble avec la grand-mère de sa meilleure amie psychopathe (non, la lesbienne n’est pas gĂ©rontophile, mais elle est amie avec une psychopathe, car seule une paria peut comprendre une autre paria, n’est-ce pas ?).Â
La série ose, et on ne va pas s’en plaindre, mais elle se termine de manière typique : cette histoire d’amour, qui bourgeonnait à peine et qui n’était peut-être pas réciproque (on ne le saura jamais), se termine de manière tragique. Choi Min Ji (jouée par Lee Joo Young) ne trouve même pas la force de dire ouvertement à sa meilleure amie qu’elle vient de perdre celle qu’elle aimait. La scène est très émouvante et j’imagine sans mal l’effet sur le public lesbien, et plus largement gay.
Mais les scĂ©naristes ont besoin que la lesbienne se sacrifie une dernière fois… Quand presque tous les personnages principaux finissent par connaitre le bonheur (certains sont mĂŞme ressuscitĂ©s, pour dire), elle est la seule Ă ĂŞtre condamnĂ©e (Ă se condamner) Ă la solitude. Son troisième vĹ“u altruiste lui vaut d’oublier que sa meilleure amie n’est pas morte…Â
Morale de l’histoire : l’épanouissement des queers ne passera jamais par l’amour. Les succès de Choi Min Ji ne peuvent être que professionnels. Point final.
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## Dimanche 05 octobre
À 8 ou 9 sur l’échelle de Daumier (faut bien lui trouver un nom, je me sacrifie donc), les scénaristes de *Genie, Make a Wish* auraient fait de Choi Min Ji l’héroïne épanouie du couple secondaire. Elle aurait été traitée comme un personnage hétéro dans une série romantique et, à ce titre, aurait connu un *happily ever after*.
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