# Semaine du 27 octobre 2025 *Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).* ## Lundi 27 octobre Heureusement, j’ai enchainé sur un roman de Jax Calder. Une autrice néozélandaise de romances MM que j’apprécie beaucoup. Ses histoires sont plus denses, les descriptions plus développées, le plaisir de lecture amplifié.  *The Unlikely Spare* (2025), troisième opus de sa série *Unlikely Dilemmas*, se lit tout aussi facilement que *Top Secret*, mais il a mieux nourri mon âme. Il y a une bonne intrigue, de l’action, et cerise sur le gâteau, de l’engagement politique…  Eh oui ! Ce n’est pas parce qu’on parle d’amour qu’il faut s’empêcher de parler d’autres choses ; ce n’est pas parce qu’on écrit de la littérature doudou que l’on doit éviter les sujets qui mettent mal à l’aise.  Ici, Jax Calder explore la part d’ombre de l’impérialisme britannique, en particulier, l’exploitation, pendant des siècles, des populations autochtones pour remplir les coffres de l’aristocratie anglaise, d’abord en Irlande, puis dans le monde entier.  C’est une romance woke, évidemment, comme beaucoup de romances gays d’ailleurs. On ne peut pas défendre le droit des LGBTQ+ et ne pas être sensible au sort des autres groupes minorisés, n’est-ce pas ? Une fois qu’on a compris certains mécanismes, on s’aperçoit qu’ils sont à l’œuvre partout : homophobie, sexisme, racisme. Des victimes différentes, peut-être, mais un même combat.  Toute littérature est politique. Celle qui prétend ne pas l’être renforce le statuquo et, ce faisant, se range du côté du plus fort. Jax Calder démontre que l’on peut vendre du rêve, sans pour autant chanter les louanges d’un système corrompu. --- ## Mardi 28 octobre Il y a des gens pour qui la vie professionnelle n’est qu’une extension de la cour d’école. Ils forment des cliques, ne se refusent aucune petite mesquinerie et, après avoir lancé les hostilités, aiment à jouer les victimes. Esclaves de leurs émotions et de leurs délires égotiques, ils veulent se prouver, et prouver à leur entourage, qu’ils ont du pouvoir. En réalité, ce sont des petits merdeux immatures, dont le comportement ne devrait pas être toléré dans le milieu professionnel. Collègues énergivores, ils contaminent tout ce qu’ils touchent. Il vaut mieux, autant que faire se peut, les éviter… Mais quand nous sommes obligé·es de nous confronter à leur petitesse, il est inévitable que nous les prenions de haut. --- ## Vendredi 31 octobre Pour écrire, il faut du calme. En tout cas, c’est ainsi que ça fonctionne pour moi. Peut-être qu’il existe des écrivain·es qui se nourrissent du tourbillon de la vie. Ma nature anxieuse ne me le permet pas. Je pense aux mois à venir, passe en revue les scénarios probables (je reste à Sheffield vs je rentre en France) et comprends que je n’aurai pas l’énergie mentale de me consacrer à autre chose que ce journal. Ce qui n’est déjà pas si mal : un chouia, c’est mieux que rien. --- ## Samedi 01 novembre Dans quelques mois, je fêterai mes quinze ans en Angleterre. C’est un joli chiffre. Facile à retenir. Peut-être que ce sera l’année de mon retour en France. La fin d’un chapitre (voire d’un tome entier !) et le début d’un autre. Il s’est passé beaucoup de choses en quinze ans : j’ai travaillé dans le secondaire, puis dans le supérieur. J’ai vécu à Londres, Oxford et Sheffield. Il y a eu un mariage et une séparation. Ainsi que quelques évènements dramatiques qui ne méritent pas d’être mentionnés ici. Quelle vie !  Le jeune homme qui est arrivé en Angleterre ne me ressemble plus beaucoup. Et je ne parle pas des cheveux que j’ai perdus ou des nombreuses rides que j’ai gagnées. Je ne suis plus le jeune Enzo : ma personnalité a changé, je suis plus mature (*or I’d like to think so*) et mes intérêts ont évolué. Le plus important, peut-être, c’est que je n’éprouve plus le besoin de justifier mon existence ni de me conformer aux exigences d’autrui, consciemment ou inconsciemment. Je n’ai plus envie de rentrer dans le moule. Je suis. Je me contente d'être. Et c'est très bien ainsi. --- ## Dimanche 02 novembre Le cartophile aime les cartes postales (*deltiologist* en anglais). La billetophile collectionne les billets de banque (*notaphilist* en anglais). L’amatrice d’oursons en peluche est une arctophile ; quant à celui qui se passionne pour le sable, c'est un arénophile (mêmes mots en anglais).  Des termes rares dans les deux langues mais qui témoignent d’une richesse linguistique passionnante et jouissive (*at least for me*, je dois être un lexicophile qui s'ignore). C’est pareil pour les noms collectifs. Les Anglais en raffolent. Personne n’utilise les plus rares, évidemment, mais ils circulent facilement sur les réseaux sociaux. *A murder of crows, an unkindness (or a conspiracy) of ravens, an exaltation of larks, a congregation of plovers, a flight of swallows, a charm of goldfinches, a paddling of ducks*. Les réunions d’oiseaux n’ont jamais été aussi poétiques ! Évidemment, le français n’est pas en reste : un banc (de poissons), un essaim, une nuée (de papillons), une colonie, une volée, une compagnie, une échourie (de phoques), une harde (de sangliers), une flamboyance (de flamants roses), un murmure (d’étourneaux — d’après l’anglais, *a murmuration of starlings*), un parlement (de hiboux), une assemblée (de babouins)… --- [[Semaine du 2025-10-20|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2025-10-27|Semaine suivante]]