# Semaine du 24 novembre 2025 *Ces entrées appliquent l’orthographe rectifiée. Adieu les petits accents circonflexes ! Pour recevoir gratuitement ma newsletter qui propose une édition mensuelle de ce Journal, c'est par [ici](https://enzodaumier.substack.com).* ## Lundi 24 novembre L’expression « *debut novel* » me semble plus juste que son équivalent français « premier roman », qui sous-entend qu’il n’y en a pas eu d’autre avant celui-ci. L’anglais reconnait que le premier roman publié n’est pas forcément le premier roman écrit. D’ailleurs, il l’est rarement, car l’écriture est un artisanat qui exige des années de pratique assidue avant de pouvoir produire quelque chose de décent. --- ## Mardi 25 novembre « Un écrivain qui ne lit pas se prépare une carrière d’auteur raté. » (Alexis Jenni) --- ## Vendredi 28 novembre Si Jenni dit vrai (et je sais qu’il dit vrai), il me faut donc lire davantage. (Et accessoirement, il me faudrait écrire aussi… mais c’est une complainte que je réserve pour un autre jour.) Je viens de commencer le cycle de fantasy d’Anyta Sunday, une autrice de romances MM néozélandaise que j’affectionne tout particulièrement. J’apprécie ses romances réalistes contemporaines, mais je ne sais pas trop ce qu’elle vaut en fantasy, un genre qui requiert des talents particuliers. J’aborde donc ce premier volume avec curiosité et ouverture d’esprit. Que penser de *The King’s Man* (2025) ? Je n’ai lu que les huit premiers chapitres pour le moment. Je dois avouer que je n’ai pas été ébloui. Il y a de nombreuses maladresses. L’autrice veut s’assurer que les lecteurices contemporain·es ne s’ennuient pas. Ça s’agite donc en tous sens, *littéralement*. Cael s’enfuit pour échapper à un mariage arrangé, puis il revient chez lui, puis s’enfuit à nouveau, puis retourne… L’agitation fébrile ne permet pas à l’histoire de respirer. De se mettre en place lentement. Ce début m’a fatigué. Dans sa course effrénée, le protagoniste devient un cliché sur pattes : cinq ou six fois d’affilée, il se met en danger pour sauver la vie d’autrui. Il ne peut pas s’en empêcher. Les ficelles sont tellement grosses qu’on dirait que le roman a été écrit pour des lecteurices qui scrollent TikTok en parallèle. C’est certainement un choix stratégique de la part de l’autrice, mais ce n’est pas le type de littérature que j’apprécie.  Vais-je abandonner ? Pas encore, car il y a des éléments qui m’intriguent. L’histoire commence à se mettre en place. Des hommes mystérieux, sexys et puissants, orbitent autour de Cael (c’est une romance MM). Voilà que ma curiosité a été piquée malgré moi (il m’en faut peu, faut dire). Je dois savoir qui de Quin ou de Sylvius est le *love interest* de Cael Amuletos (quel nom stupide), et si l’un d’entre eux est le mystérieux Calix Solin qui occupe les souvenirs de Cael. --- ## Samedi 29 novembre Avant d’être un lecteur de romance, j’ai été un grand amateur de fantasy. Mes premières armes, je les ai faites avec Feist, Tolkien et… Mercedes Lackey. Mon gout inexplicable pour Lackey, qui était la reine de la romantasy avant l’heure, aurait dû m’amener à la romance bien plus tôt, mais je me suis perdu dans d’autres genres (dont les classiques antiques et français pour mes études de lettres)…  Bref, je lis très peu de fantasy depuis quelques années : j’aime toujours autant les littératures de l’imaginaire, mais les mondes secondaires ont tendance à m’ennuyer, d’autant plus que la fantasy (épique) s’entête à produire ses histoires au kilo. Je n’ai ni l’énergie ni le temps pour cela. Mes dernières tentatives avec Robin Hobb et sa trilogie *Fitz and the Fool* m’ont servi de leçon. (Moi qui l’adulais, je ne peux plus rencontrer son nom sans frémir. *I simply fell out of love.*) --- ## Dimanche 30 novembre J’ai bien fait de poursuivre ma lecture de *The King’s Man* : une fois que l’histoire s’installe, la lecture s’améliore et devient plus plaisante. Les va-et-vient cessent vite. L’intrigue politique, qui occupe la seconde partie du premier volume, est intéressante : le roi et son frère sont soumis à leur oncle tout-puissant, tandis que Cael doit faire face aux préjugés de la cour royale. Sunday approfondit la psyché de ce dernier ; il devient moins cliché, même si son désir brulant de sauver la vie de tout le monde manque de finesse et le rend prévisible. Elle s’efforce d’appliquer consciencieusement les règles d’écriture du genre ; les enjeux sont crédibles et les personnages ne sont pas ménagés par les évènements. La présence d’un triangle amoureux justifie parfaitement le *slow-burn* : Cael aime Quin sans s’en apercevoir ; leur relation, influencée par le trope *enemies-to-lovers*, est souvent divertissante, surtout dans les deux premiers tiers du livre où Cael ignore la véritable identité de Quin. --- [[Semaine du 2025-11-17|Semaine précédente]] - [[Semaine du 2025-12-01|Semaine suivante]]