[[_Accueil]] > [[_Mots-Dièse_]]
\#Etudiants
J’écris ces lignes alors que j’effectue ma permanence à la bibliothèque universitaire et que j’ai quelques minutes à tuer.
Je trouve les étudiants fascinants. Leur jeunesse suscite en moi un désir nostalgique. Leur vie semble si simple et si insouciante à première vue. Quel bonheur !
Mais cette impression est fausse : les études ne sont pas cet âge d’or que l’on s’imagine plus tard. Je le vois sur le visage de certains : l’inquiétude, l’anxiété, la peur… du présent comme du futur. Ce n’est pas un âge de l’insouciance, ça ne l’est que rarement d’ailleurs.
Pourquoi vouloir être jeune à nouveau, dans ce cas ? Tout recommencer, revivre ses premiers plaisirs avec le même émerveillement ? Peut-être, mais alors plus simplement, sans les angoisses, les déprimes, l’inconfort constant.
\#Désir
Leur jeunesse les rend beaux et désirables. Ils ont ce que nous avons perdu. Je comprends pourquoi certains gays sortent avec des gamins de dix-neuf ou vingt ans. Entrant dans la quarantaine ou la cinquantaine, ils possèdent ainsi l’illusion d’être jeunes à nouveau et, à moindre frais, de la chair fraîche et de la peau ferme !
\#Voix
J’ai fini par m’habituer à la dictée pour écrire mes textes, et voilà que ma gorge commence à protester. Je vois déjà le moment où je vais devenir aphone.
Du coup, depuis deux jours, plus de dictée, repos des cordes vocales.
Repos tout court.
J’écris (à la main) des poèmes pour ne pas avoir l’impression de ne rien faire, ou je relis les entretiens d’Ursula Le Guin – toujours aussi lumineuse.
\#Poésie
Je suis arrivé tard à la poésie.
Sans expérience, en explorateur, j’ai décidé de m’y mettre. Je me suis donné l’autorisation, je n’ai pas attendu d’être “légitime”, comme dirait A. J’ai décidé que la poésie pouvait être accessible à tout le monde, qu’elle n’avait pas besoin d’être obscure ni prétentieuse.
Du coup, en novembre 2015, j’ai commencé avec un mois entier à écrire dix haïkus par jour. L’an dernier, remarquant ce qui se faisait sur Instagram côté anglophonie, j’ai décidé de partager mes créations, mes exercices de style, ces traces de mon exploration du champ poétique, en espérant et en me disant que certains les aimeraient assez pour vouloir en lire d’autres.
Ma culture poétique contemporaine est à ce point nulle que je ne suis pas capable d’avoir un avis sur ce que j’écris (contrairement à la fiction). Maintenant, je m’efforce de lire davantage de poésie, aussi bien en français qu’en anglais – j’aime énormément ce que fait Kate Tempest, ou la poésie homo-érotique de Constantin Cavafy.
Instagram est un medium de diffusion intéressant mais qui commence à me frustrer, car il impose la forme brève. Ce qui est plus long que cinq vers n’est pas facilement lisible et n’est donc pas lu.
J’aimerais pouvoir explorer différents formats, mais la crainte de ne pas être lu (même par un petit nombre), de perdre mon énergie et mon temps, m’arrête. Je regrette de ne pas fréquenter davantage de poètes, ou de ne pas mieux connaître le milieu de l’édition poétique – mais le peu que j’aperçois de ce milieu ne me donne pas envie. Il semblerait que le snobisme, le désir de l’entre-soi, soit la condition _sine qua non_ pour pouvoir en faire partie.
\#CarrièreLittéraire
J’ai passé cette semaine perclus de douleurs, mais en agréable compagnie. J’ai lu les entretiens et quelques essais d’Ursula Le Guin.
J’aurais aimé l’avoir connue plus tôt – j’ai découvert _Terremer_ durant mon adolescence, mais ce n’est que depuis 2012 que je me suis mis à explorer le reste de son oeuvre. Et quelle oeuvre merveilleuse !
De la poésie, des essais, des traductions, des romans pour la jeunesse. Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait été (sur la fin) célébrée comme l’une des personnalités incontournables des lettres américaines. Pas mal pour une autrice estampillée “SF/Fantasy”.
Dans un des entretiens de _The Last Interview_, elle remarque que le jeune auteur doit commencer dans un genre précis, se coller une étiquette commerciale, qu’il ne lui est pas possible de mélanger les genres, car les éditeurs sont frileux et refuseront de le publier (même s’ils remarquent la qualité intrinsèque du manuscrit). Si c’était vrai dans les années 1950, ça l’est plus encore de nos jours.
Voilà pourquoi j’ai fait le choix de la romance en 2014. J’ai des ambitions semblables à celles de Le Guin (sans le talent, on dirait), je ne veux pas me limiter à un seul genre, mais il faut bien commencer quelque part pour être publié.
\#Traduction
J’ai des envies de me remettre à traduire, mais je ne pense pas me voir présenter des opportunités dans le domaine. Je ne crois pas avoir le temps de traduire un roman en parallèle de mon boulot (ou alors, il faudrait qu’il soit d’un de mes auteurs fétiches – Jay Bell, par exemple).
Une nouvelle pour une revue serait le format idéal en ce moment, mais qui publie encore des revues de nos jours ?