# Semaine du 07 octobre 2024
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## Lundi 07 octobre
J’ai regardĂ© Ă nouveau deux sĂ©ries chinoises mettant en scène une relation amoureuse entre une femme plus âgĂ©e et un homme Ă peine sorti des Ă©tudes : *The Rational Life* (2021) avec Qin Lang et Dylan Wang & *Find yourself* (2020) avec Victoria Song et le beau Song Wei Long. Toutes deux m’avaient fait rĂ©aliser que j’aimais ce que l’on appelle la *May/December romance*, un trope bien connu du paysage romantique oĂą c’est habituellement l’homme, plus âgĂ©, qui tombe amoureux d’une Ă©tudiante.Â
(Ce n’est d’ailleurs pas un simple trope, mais plutôt une réalité : notre société patriarcale aime qu’un homme puisse sortir avec une fille plus jeune ; l’inverse semble encore presque tabou avec la figure démonisée de la cougar.)
Ici, le trope est inversé, ce qui fait énormément de bien : dans les séries chinoises, les protagonistes féminines sont le plus souvent des ingénues agaçantes (c.-à -d.. des nunuches). Je préfère les actrices matures dans des rôles de femmes carriéristes : leur centre de gravité, leur identité en somme, est plus assuré ; elles sont au coeur de leur histoire ; elles ne se définissent pas par rapport aux mâles qui les environnent.
Des deux séries, j’ai, au final, préféré *Find Yourself*, qui propose des personnages secondaires plus attachants que *The Rational Life* (où la mère est une hystérique consternante). Les dynamiques familiales de la famille He sont plus fouillées, et les histoires amoureuses du frère jumeau, CanYang, offre un contrepoint comique bienvenu.
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## Mardi 08 octobre
Une sĂ©rie sur les correcteurs de manuscrits, *anyone* ? Il n’y a Ă©videmment que le Japon pour proposer ce type d’histoires originales, parfois un peu farfelues, mais toujours bien faites.Â
*Jimi ni Sugoi !* (2016) raconte les aventures de Kono Etsuko (Ishihara Satomi), qui rêve de devenir éditrice du magazine de mode *Lassy*. Après sept essais infructueux, elle parvient à se faire embaucher par la maison d’édition… mais dans le département des correcteurs (*proofreaders*, en anglais), situé au sous-sol comme il se doit. Sa personnalité chaleureuse et ses vêtements colorés bouleversent les habitudes d’une équipe habituée au silence et à la grisaille. Mais Etsuko est déterminée à faire de son mieux et prend son nouveau métier très au sérieux (certains diraient même un peu trop au sérieux). Commence ainsi une série d’aventures cocasses dans le monde de l’édition et de la mode, sur dix épisodes de 55 minutes, où elle va, entre autres, tomber amoureuse d'Orihara Yukito, un jeune écrivain prodige devenu mannequin, joué par Suda Masaki, que l’on a vu dernièrement dans le rôle-titre de *Don't Call it Mystery* (2022).
J’ai eu un énorme coup de cœur pour cette série — si seulement ma vie avait pu être aussi passionnante quand je corrigeais les traductions de romances MM, il y a quelques années !
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## Mercredi 09 octobre
« Les réseaux que nous utilisons pour communiquer par-delà les frontières, pour trouver nos amis et apprendre de gens qui ne nous ressemblent pas — et pour nous organiser afin de répondre aux crises aigües et aux échecs institutionnels qui nous accablent — sont les mêmes réseaux qui rendent tant d’entre nous malheureux et/ou dérangés. » (Erin Kissane, wrecka.ge)
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## Jeudi 10 octobre
« La première question \[pourquoi cherchons-nous des lecteurs ?\] appelle des réponses variées. Je vais mettre de côté, pour le moment, le fait que certains d’entre nous veulent apparemment des lecteurs parce qu’ils les considèrent comme une ressource à exploiter, suivant la sagesse (désormais clichée) des startups selon laquelle si l’on a un public, on peut trouver le moyen de le monétiser. La raison la plus convaincante et la plus intéressante pour laquelle la plupart des écrivains recherchent des lecteurs est, je pense, moins utilitaire : nous recevons nos écrits en cadeau, et ils doivent donc être donnés à leur tour. Nous écrivons parce que quelque chose a besoin d’être exprimé à travers nous, et ce n’est qu’en donnant ces écrits à un lecteur que ce besoin est satisfait. » (Mandy Brown, *A Working Library*, newsletter du 10 octobre 2024)
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## Vendredi 11 octobre
Peut-ĂŞtre que ce qui me perturbe le plus sur les rĂ©seaux sociaux, c’est la perte du contexte : très souvent, par la magie des algorithmes, on ne sait pas d’oĂą vient telle ou telle affirmation, qui est la personne qui l’avance, son âge, son lieu de vie, les Ă©tudes qu’elle a faites (ou pas), son milieu social, son Ă©tat mental. Tout cela importe, car les idĂ©es ne naissent pas *ex nihilo* : elles ne font sens qu’en contexte.Â
Quand on les déracine ainsi, on les malmène ; on les juge iniquement ; on tente de leur faire dire parfois l’opposé de ce qu’elles énoncent. Et pire, on exige de leur autrice de s’expliquer, de se justifier, de participer à une discussion qui n’a rien à voir avec ce qui a inspiré cette pensée molestée.
Voilà pourquoi les réseaux sociaux nous rendent fous : ils sont énergivores, et alors que l’on y allait pour être compris, pour faire partie d’une communauté, on se retrouve avec le sentiment désagréable d’être incompris (et malaimé). Notre cerveau n’est pas fait pour ce type d’interactions : nous ne nous épanouissons pas à parler à une foule d’étrangers masqués, qui enflamment nos névroses et peuvent utiliser, à tout moment, tout ce que l'on dit contre nous.
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