# Homosexualité à Rome --- #Gay #Antiquité #RomeAntique Rédigé : 12 avril 2020 Episode 3 du [[_Bibli_Podcast_Index|Podcast]] Indexé : [[_Question Gay_]] --- Tournons nous vers les Romains pour y repondre. Telle une pie voleuse, l'Empire Romain a beaucoup récupéré d'éléments de la culture grecque : les Romains ont copié leur littérature , leurs lois, leur architecture, leurs sciences et leurs philosophies. Ils ont tout pris aux Grecs, sauf une chose : la pédérastie. La pédérastie remplit d'effroi le cœur des sénateurs romains conservateurs. Pourquoi donc ? Car, à Rome, le corps du citoyen - et donc du futur citoyen - est inviolable. Il est totalement impensable pour un Romain de cautionner un type d'éducation où un jeune homme serait déshonoré par un homme plus âgé. Pour eux, la pédérastie grecque est bien de l'exploitation… A Rome, les pratiques homosexuelles sont aussi très codifiées. Elles sont certainement similaires à ce qui devait se passer en Grèce, en dehors du cadre de la pédérastie. Le sexualité n'était pas divisée / comme de nos jours / en fonction du sexe du partenaire. Comme je l'ai dit, il n'y avait pas d'hétérosexualité ni d'homosexualité. Ce qui importait, c'était le rôle que l'on assumait en fonction de sa position sociale. Ainsi, un citoyen libre se devait toujours d'être actif dans les rapports sexuels. Il était là pour prendre du plaisir, non pour en donner à son partenaire. Et cette conception se retrouve dans la langue latine - par exemple, un verbe en rapport avec la fellation, "irrumare" a le sens actif de "baiser la bouche" - alors que le français porte son attention sur l'autre partenaire qui "fait une fellation". Le citoyen avait un rôle actif. Du coup, les rapports sexuels entre deux hommes libres étaient en théorie proscrits. Le Romain ne couchait donc qu'avec des hommes esclaves. Parce qu'ils étaient esclaves / c'est à dire de simples possessions / des objets en somme / ceux-ci devaient assumer un rôle passif. C'étaient leurs orifices / leur bouche ou leur anus / que l'on pénétrait. Quant aux anciens esclaves, ceux que l'on appelait les Affranchis, ils pouvaient à l'occasion accepter la pénétration qui était alors vue comme une faveur faite au partenaire libre et citoyen. La honte s'attachait donc à l'amant passif. Comme de nos jours / et nous sommes en cela les héritiers de l'Empire Romain / si vous vouliez insulter votre adversaire, vous le traitiez d'enculé. Dans les faits, on sait que les Romains étaient beaucoup moins stricts quand il s'agissait d'appliquer ces distinctions. Il y a eu des moments de l'Empire romain où les mœurs, un peu comme aujourd'hui, se relâchaient. Par exemple, certains hommes riches achetaient des esclaves bien membrés, justement pour en profiter au lit et jouer le rôle du passif. Quant à César, que j'ai cité au début de cet épisode, on disait de lui qu'il était "l'homme de toutes les femmes et la femme de tous les hommes". En effet, il avait été l'amant d'un roi de Bythinie dans sa jeunesse, et avait certainement continué à profiter des hommes pendant qu'il fricotait avec Cléopâtre. / L'un n'empêche pas l'autre. C'est bien dommage que les romans, les séries TV et les films, qui se passent dans l'Antiquité, ne dépeignent pas tous cette réalité-là. Bien évidemment, je ne veux pas dire que tous les Romains couchaient avec des hommes. Si l'on en croit les travaux de Kinsey ou de Fritz Klein, l'attirance sexuelle se répartie sur une échelle, avec aux extrémités - d'un côté l'homosexualité et de l'autre l'hétérosexualité pure. Certains Romains préféraient exclusivement les femmes quand d'autres couchaient avec des hommes que s'ils ne pouvaient pas mettre la main sur une représentante de l'autre sexe. Cependant, comme l'acte sexuel entre gens du même sexe n'avait aucune implication sur leur identité, que l'homme ne se sentait pas menacé dans sa masculinité (tant qu'il demeurait actif durant l'acte), il est fort probable que le sexe du partenaire importait peu, que l'homme libre pouvait plus facilement explorer son attirance pour un autre homme, et que seule la jouissance, le plaisir fugace qu'il en retirait, comptait.