# Homosexualité dans l'Antiquité gréco-romaine
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#Gay #Antiquité
Rédigé : 12 avril 2020
Episode 3 du [[_Bibli_Podcast_Index|Podcast]]
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Aujourd'hui, je vais vous parler de l'homosexualité masculine dans l'antiquité gréco-romaine, car elle joue un rôle fondateur dans la littérature gay du 20e et du 21è siècles.
On la retrouve aussi bien dans les écrits théoriques d'André Gide que dans la fiction de Marguerite Yourcenar, ou encore les romans historiques de Mary Renault. Plus proche de nous, elle est au cœur même du premier roman de Madeline Miller, Le Chant d'Achille (The Song of Achilles en VO), qui narre la relation amoureuse entre Patrocle et Achille sur fond de Guerre de Troie.
L'Antiquité a été depuis le Moyen-Âge une terre de fantasmes, sur laquelle chaque génération a projeté ses désirs et ses espoirs, ses craintes et ses angoisses. En bref, nous avons utilisé l'Antiquité pour modeler, à raison ou à tort, notre vision du monde.
L'homosexualité n'échappe pas à cette règle. Pendant longtemps, on a parlé d'"amour grec", ou même de "vice grec", pour désigner pudiquement une relation sexuelle entre deux hommes. Les homosexuels du 19e et du 20e siècles ont construits leur identité, ont cherché leur légitimité, en se basant sur leurs lectures des Grecs et des Romains.
Permettez donc que nous fassions comme eux et que nous tournions notre regard vers cette antiquité lointaine.
Mais avant d'accomplir ce voyage, quelques mises en garde, ou plutôt quelques précisions.
/ L'homosexualité existait-elle en Grèce et dans l'Empire romain ? Ma réponse est claire et sans équivoque. Non. Il n'y avait pas d'homosexualité tel qu'on l'entend de nos jours.
Par contre, il y avait bien des hommes pour aimer d'autres hommes et avec lesquels avoir des relations sexuelles.
L'homosexualité est un terme qui date de la seconde moitié du 19e siècle et qui désigne non seulement des pratiques mais surtout, de plus en plus, une identité.
Je suis gay, non pas parce que je couche avec des hommes (même si c'est le cas), mais parce que je m'identifie comme tel.
Dire que le poète latin Virgile ou qu'Alexandre le Grand - ou même César - étaient gay n'aurait aucun sens. A supposer que vous puissiez leur poser la question, ils seraient bien en peine d'y répondre car ils ne comprendraient pas votre question - et ce, même si vous la posiez en latin ou en grec ancien. Par contre, si vous vouliez savoir s'ils couchaient, ou avaient couché, avec des hommes - là, vous pourriez peut-être espérer une réponse positive.
Du coup, si on parle d'homosexualité dans l'antiquité gréco-romaine, c'est bien pour se simplifier la tâche, mais il faut veiller à ne pas projeter nos attentes, notre vision des choses, sur cette période historique.
Il semble que la sexualité masculine durant l'antiquité ait été bisexuelle. Pas hétérosexuelle, mais bien bisexuelle. En suivant des conditions que je vais détailler dans un instant, un homme pouvait très bien coucher avec un autre homme, sans que ses contemporains n'y trouvent à redire. Les témoignages abondent, même si durant de nombreux siècles, et peut-être même encore de nos jours, on fait semblant de ne pas les voir ou de ne pas les comprendre.
Autre point important : ces pratiques homosexuelles ne sont pas identiques selon que l'on se trouve chez les Grecs ou chez les Romains. Il ne faut pas tout amalgamer. On parle bien de civilisation gréco-latine, mais ce qui se passe à Athènes au 5e siècle avant JC n'est pas identique à ce que l'on trouve à Rome au premier siècle de notre ère.