# Homosexualité en Grèce : la pédérastie --- #Gay #Antiquité #GrèceAntique Rédigé : 12 avril 2020 Episode 3 du [[_Bibli_Podcast_Index|Podcast]] Indexé : [[_Question Gay_]] --- Pour respecter l'ordre chronologique, intéressons-nous d'abord aux Grecs. On tend à résumer les pratiques homosexuelles dans la Grèce antique à la seule pédérastie. La pédérastie vient du grec pais/paidos, qui signifie l'enfant et d'érastes, qui désigne l'amant, lui-même dérivé du mot eros, l'amour. La pédérastie serait donc / littéralement / ce que font les amants avec les enfants. Mais avant que vous ne vous affoliez et ne traitiez tous les grecs anciens de pédophiles. Il faut que vous sachiez que le "pais"/l'enfant/ chez les Grecs ne s'arrête pas au début de l'adolescence, comme chez nous, mais que le mot désigne aussi un jeune homme qui peut avoir jusqu'à 20 ans. La pédérastie désigne donc des rapports codifiés entre un adolescent, de douze à vingt ans, et un amant plus âgé (vingt ans et plus… parfois beaucoup plus). Ces rapports sont avant tout pédagogiques. La pédérastie, ce sont des pratiques initiatiques qui permettent d'enseigner au jeune homme son futur rôle de citoyen. A ce titre, la pédérastie dans la Grèce antique est un phénomène qui ne touche que les classes sociales les plus aisées. Le jeune homme, celui que l'on appelle l'eromène /eromenos en VO / littéralement, celui qui est aimé / ce jeune homme est un fils de riche, un futur citoyen. Quant à l'eraste / l'amant plus âgé / lui aussi dispose de revenus importants. La pédérastie ne se retrouve donc pas chez les paysans pauvres ou les esclaves. Cette pratique avait des codes qu'il était très important de suivre. Le rapport entre l'éraste/ d'un côté / et l'éromène/ de l'autre / était loin d'être égalitaire. Le plus vieux aimait le plus jeune. L'amour et le désir n'allaient que dans ce sens-là, du plus vieux vers le plus jeune. L'éromène subissait l'amour de l'éraste /ou devait prétendre le subir. Il ne fallait surtout pas que l'on puisse penser qu'il était avide de l'attention de son amant, ce qui l'aurait rendu vaniteux. Et si leurs rapports se faisaient intimes, comme ils devaient très certainement et rapidement le devenir, il aurait été catastrophique pour la réputation de l'éromène que l'on puisse dire qu'il aimait se faire pénétrer. Si pénétration il y avait (et de nos jours, rares sont les universitaires à dire que ce n'était pas le cas), l'éromène n'allait pas le chanter sur tous les toits et, pour l'éraste, il valait mieux éviter qu'il ne fasse des blagues salaces sur le sujet en public. Les auteurs antiques rapportent des cas où un éromène aurait tué son amant car celui-ci s'était vanté en public de le pénétrer, c'est à dire de l'utiliser comme une femme. Autre point important, l'éraste avait le droit d'aimer son éromène tant que ce dernier n'avait pas de barbe. C'est d'ailleurs la raison, nous disent les poètes grecs, pour laquelle certains jeunes hommes se rasaient discrètement le visage pour retarder le moment fatidique de la séparation. Les Grecs évoluaient dans une société où la ségrégation entre les sexes étaient très importantes et dans laquelle les idées d'honneur et de honte dominaient. Comme les hommes ne pouvaient pas entrer en contact avec des femmes qui ne faisaient pas partie de leur entourage immédiat et familial (mère, sœurs, épouse, filles), ils restaient entre eux, ce qui favorisaient les amitiés masculines. Du coup, avant le mariage (qui avait lieux autour de l'âge de trente ans, pour les citoyens les plus aisés) les relations sexuelles étaient souvent de nature homosexuelle (ou alors il fallait coucher avec des prostituées, mais cela demandait d'avoir ses revenus propres et donc d'être déjà un adulte indépendant). La pédérastie, ce sont donc des couples d'hommes qui se rendent service. L'eraste assure une formation intellectuelle informelle, peut donner accès à son réseau de connaissances et d'influence dans la cité grecque, il peut même être généreux en offrant quelques beaux cadeaux à son protégé. En échange de tout ça, l'eromene le laisse jouir de sa beauté / les Grecs étaient fous de la beauté / mais aussi de son corps. Deux éléments à noter : Le premier / c'est que l'éromène était libre de refuser les avances de son aîné. Il n'était pas rare que les plus beaux soient courtisés par de nombreux hommes, ce qui faisait alors monter les enchères et pouvait tourner à l'avantage de l'éromène. Deuxième élément / même si l'eraste pouvait montrer de l'intérêt pour un très jeune adolescent, disons 11 ou 12 ans, il devait attendre que l'éromène grandisse avant de "passer à l'acte". Les sources antiques sont claires sur le sujet : il faut patienter. L'éromène doit avoir le bon âge. Et c'est ce point qui permet de montrer que la pédérastie ne doit surtout pas être confondue avec la pédophilie / même si cette dernière devait aussi exister durant l'Antiquité / Et on peut facilement imaginer comment certains prédateurs sexuels ont pu profiter du cadre de la pédérastie pour agir en toute impunité et forcer des rapports sexuels indésirables. D'ailleurs, à ce sujet, on serait tout à fait en droit de poser la question suivante : si en théorie, la pédérastie était une forme d'éducation, n'était-elle pas en pratique une forme d'exploitation ?